Grève de la faim : 26ème jour
François Veyret-Passini : « 12ème station. Jésus meurt sur
la Croix. Après trois heures de supplice, Jésus dit: « mon Père, je remets mon
esprit entre vos mains », et poussant un grand cri il expire. Oui, sa vie nul
ne la lui prend, c'est lui qui la donne ainsi qu'il l'a annoncé. Un crucifié
meurt d'asphyxie. N'ayant plus la force de pousser sur ses pieds et tirer sur
ses bras, il étouffe. Jésus pousse un cri tel que Longin, centurion affecté à
la garde des suppliciés se convertit et affirme aussitôt : « vraiment cet
homme était le fils de Dieu ». Chez Jésus pas de stoïcisme, de fatalisme, de
volonté suicidaire. Être libre par excellence, « il s'est fait obéissant
jusqu'à la mort et la mort de la Croix ». « Sa nourriture c'est de faire la
volonté de son père ». « Non pas ce que je veux, mais ce que vous voulez ». Et
cela n'ajoute rien à sa gloire immuable ; C'EST sa gloire d'aimer, de nous
aimer jusqu'à donner sa vie pour nous. Et moi Seigneur, hésiterais-je encore
entre ma volonté et la vôtre ? Négocierais-je ma participation à mon salut ? Un
héros contemporain affirme : « tant qu'on a pas tout donné on a rien donné ».
Santé-maladie ; richesse-pauvreté ; honneur-opprobre. Est-il trop tard ?
Au bon larron qui donne tout à la dernière heure de sa vie, Jésus dit: « ce
soir même tu seras avec moi dans le paradis. »
Grève de la faim : 27ème jour
François Veyret-Passini : « 13ème station. Jésus
est descendu de la Croix et remis à sa mère. Avec quel respect ce corps torturé
est décloué, descendu de la Croix ; on ôte cette abominable couronne
d'épines fichée dans sa tête ; ses bras déjà raidis sont ramenés sur le
corps, sa nudité couverte. Avec quelle délicatesse on le dépose sur les genoux
de sa mère. Sa tête suppliciée, son torse lacéré et transpercé. Combien de
"pietà" dans nos églises évoquent la douleur muette de cette mère,
veuve, recevant dans ses bras son fils unique mort. Douleur naturelle si grande
que Jésus lui-même s'en était ému pendant sa vie publique, ressuscitant, pour
ce motif, le fils de la veuve de Naïm, l'Évangile précisant qu' "il le
rendit à sa mère". Ici, au calvaire, la douleur est la même mais pas de
miracle. Seulement ce "fiat" perpétuel de celle qui, à l'heure de la
mort de ce fils, se souvient de ce "fiat" concepteur qui la fit
épouse du Saint-Esprit. En contemplant. En touchant ces plaies, elle revit
cette Passion qu'elle médite depuis son enfance. Elle éprouve la prophétie que
lui fit le vieillard Siméon au temps de la joie quand elle présentait au temple
ce fils tant aimé : "un glaive de douleurs vous percera le cœur".
Douleur physique, douleur morale, mal temporel, mal spirituel. Elle présente
encore ce fils, elle s'offre avec lui, elle nous rachète avec lui. Mère de
Compassion, apprenez-moi l'offrande. Piss Christ Fora ! »
Grève de la faim : 28ème jour
François Veyret-Passini : « 14ème station. Jésus est
mis au tombeau. Avec quelle dévotion Jésus est embaumé et mis au tombeau !
Un tombeau neuf, un suaire neuf, 100 livres du nard le plus pur pour un
embaumement provisoire parce que le temps presse, en attendant de le refaire.
La Vierge Marie y participe ayant, seule, la Foi en la résurrection prochaine.
Simagrées ? Rites inutiles ? Jésus n'avait-il pas dit un jour:
"laissez les morts enterrer les morts" ? Contradiction ? Non, tout se
tient. "Celui qui croit en moi vivra éternellement", a-t ’il dit
aussi. Ce n'est pas des morts que nous enterrons, ce sont de futurs
ressuscités. Accomplir les rites, sacrés depuis la plus haute antiquité, de la
sépulture, c'est faire acte de foi dans la résurrection des morts, c'est
entretenir la communion des saints, c'est perpétuer la race humaine selon ses
spécificités tant il est vrai qu'il n'y a pas d'avenir sans passé, c'est obéir
au 4ème commandement de Dieu. Jésus, Dieu, a voulu se soumettre à cette loi. « Je
ne suis pas venu abolir la loi mais l'accomplir ». Loi spirituelle, loi
temporelle, loi naturelle et surnaturelle. Et quand la séparation d'êtres chers
nous affecte, loin de la subir passivement ("morts enterrant leurs
morts"), selon le conseil de l'apôtre, nous ne voulons pas être dans la
tristesse mais dans la joie de l'espérance de la résurrection en ayant à cœur
de rendre nos devoirs à nos morts.
Dieu fasse que nous n'en soyons pas privés !
Piss Christ Fora ! »
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